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Par letitfricot le 6 Septembre 2013 à 22:47<figure class=" ob-pull-left ob-media-left ob-img-size-100 " > </figure>
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !Quand reverrai-je, hélas ! de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province et beaucoup davantage ?Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux :
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine,Plus mon Loire Gaulois que le Tibre Latin,
Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur Angevine.Joachim du Bellay
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Par letitfricot le 31 Mars 2013 à 23:27
Un escargot se croyant beau,
Se croyant gros, se moquait d'une coccinelle.
Elle était mince, elle était frêle !
Vraiment, avait-on jamais vu
un insecte aussi menu !
Vint à passer une hirondelle
Qui s'esbaudit du limaçon.
Quel brimborion,
s'écria-t-elle !
C'est le plus maigre du canton !
Vint à passer un caneton.
Cette hirondelle est minuscule,
Voyez sa taille ridicule !
Dit-il sur un ton méprisant.
Or, un faisan
aperçut le canard et secoua la tête :
Quelle est cette si minime bête
Au corps si drôlement bâti !
Un aigle qui planait leur jeta ces paroles :
Êtes-vous fous ? Êtes-vous folles ?
Qui se moque du précédent
sera moqué par le suivant.
Celui qui d'un autre se moque
A propos de son bec, à propos de sa coque,
De sa taille ou de son caquet,
Risque à son tour d'être moqué !Pierre GAMARRA
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Par letitfricot le 24 Janvier 2013 à 16:52
·
Tu Tu m'as quitté par toutes les portes
Tu m'as laissé dans tous les déserts
Je t'ai cherchée à l'aube et je t'ai perdue à midi
Tu n'étais nulle part où j'arrive
Qui saurait dire le Sahara d'une chambre sans toi
La foule d'un dimanche où rien ne te ressemble
Un jour plus vide que vers la mer la jetée
Le silence où j'appelle et tu ne réponds pas
Tu m'as quitté présente immobile
Tu m'as quitté partout tu m'as quitté des yeux
Du coeur des songes
Tu m'as quitté comme une phrase inachevée
Un objet par hasard une chose une chaise
Une villégiature à la fin de l'été
Une carte postale dans un tiroir
Je suis tombé de toi toute la vie au moindre geste
Tu ne m'as jamais vu pleurer pour ta tête détournée
Ton regard au diable de moi
Un soupir dont j'étais absent
As-tu jamais eu pitié de ton ombre à tes pieds ?
Louis Aragon "Les rendez-vous" recueil "Les Adieux"Joëlle M. nous apporte cet hommage à Louis Aragon pour le trentième anniversaire de sa mort.
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Par letitfricot le 2 Décembre 2012 à 15:03
À la première Pâque il fleurie des lilas
La terre est toute verte oublieuse d'hiver
Tout le ciel est dans l'herbe et se voit à l'envers
À la première PâqueÀ la Pâque d'été j'ai perdu mon latin
Il fait si bon dormir dans l'abri d'or des meules
Quand le jour brûle bien la paille des éteulesÀ la Pâque d'été
À la Pâque d'hiver il soufflait un grand vent
Ouvrez ouvrez la porte à ces enfants de glace
Mais les feux sont éteints où vous prendriez place
À la Pâque d'hiver.Trois Pâques ont passé revient le Nouvel An
C'est à chacun son tour cueillir les perce-neige
L'orgue tourne aux chevaux la chanson du manège
Trois Pâques ont passéRevient le Nouvel An qui porte un tablier
Comme un grand champ semé de neuves violettes
Et la feuille verdit sur la forêt squelette
Revient le Nouvel An.Saisons de mon pays variables saisons
Qu'est-ce que cela fait si ce n'est plus moi-même
Qui sur les murs écris le nom de ce que j'aimeARAGON
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Par letitfricot le 29 Novembre 2012 à 23:02
· Je te nomme maître de l'éphémère
Toi le gardien du nom
Toi l'emblème des insolences
Toi le mastondonte farceur qui joue
à la bête mythologique
et prend plaisir à étirer le temps
Quand on te fête comme une idole
Bartabas t'a sevré et pris pour Confident
Il a écouté les histoires qui te hantent le sang
La plainte que tu siffles en dormant
Cette violence faite à l'infini
Sitôt qu'il y a des enclos des frontières
Ce long chuintement des chariots
Pour les migrations qui se changent en exode. (...)
Toi tu galopes en assommant les pierres
Tu sais que ta force impressionne
avec ses reflets d'argent
Mais tu as l'oeil câlin sous le toupet
Presque confiance dans les matins du monde
Au fond tu n'es pas si vieux
et tu as dix-sept ans.
André VelterVoiMessage de Joëlle M. : une poésie, dans la série des animaux, sur le cheval emblématique qu'avait Bartabas "ZINGARO", nom donné à son théâtre équestre.
Cet étalon frison belge a été acquis en 1984 par Bartabas à l'age d'un an. Quand il l'a acheté, Bartabas n'avait pas encore crée son cirque. Il sillonait alors l'Espagne en roulotte avec quelques copains. Zingaro a été le premier cheval du théatre équestre et il a donné son nom à la compagnie installée à Aubervilliers. Zingaro veut dire "Tsigane" en EspagnolZingaro n'a jamais connu d'autre cavalier que Bartabas. Entre l'homme et le cheval s'est crée une relation quasi passionnelle. Les deux personnages semblaient communiquer dans une totale complicité. Bartabas écoutait le cheval; Zingaro devinait les pensées de l'homme. Violent et tendre à la fois, imposant et doux, Zingaro était un grand acteur. Il avait véritablement de la présence sur scène, il était meme capable d'improviser. Zingaro a participé à plus de 1500 représentations ! Dressé à la haute école, c'est en liberté qu'il a donné le meilleur de lui meme. Dans "Cabaret équestre", il tirait un corbillard à pas lents et majestueux. Puis, babines retroussées et oreilles en arrières, il poursuivait son maitre qui campait un dresseur hystérique. Bartabas s'esquivait et le cheval se précipitait sur le premier rang des spectateurs qui se metaient à hurler. Au dernier moment, il pilait. Dans "Chimères", le cheval s'asseyait dans l'eau...
Zingaro est mort le 30 novembre 1998 dans une clinique du New Jersey, après un mois d'hospitalisation pour une paralysie intestinale. Il avait dix-sept ans.
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Par letitfricot le 11 Novembre 2012 à 14:45
e! Dieu, si j'eusse étudié
Au temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes mœurs dédié,
J'eusse maison et couche molle,
Mais quoi! je fuyais l'école
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole
A peu que le cœur ne me fend.
François Villon
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Par letitfricot le 6 Novembre 2012 à 23:07
La maman du petit homme
Lui, dit un matin :
"À seize ans, t'es haut tout comme
"Notre huche à pain...
"À la ville tu peux faire
"Un bon apprenti ;
"Mais, pour labourer la terre.
"T'es ben trop petit, mon ami !
"Dame, oui !"
Vit un maître d'équipage
Qui lui rit au nez
En lui disant : "Point m'engage
"Les tout nouveaux-nés !
"Tu n'as pas laide frimousse.
"Mais t'es mal bâti...
"Pour faire un tout petit mousse,
T'es ‘cor trop petit, mon ami,
T'es ‘cor trop petit.
"Dame, Oui !"
Dans son palais de Versailles
Fut trouver le Roi :
"Je suis gâs de Cornouailles,
"Sire, équipez-moi !"
Mais le bon Roi Louis Seize
En riant lui dit :
"Pour être "garde française"
"T'es ben trop petit, mon ami,
"T'es ben trop petit
"Dame, oui !"
La Guerre éclate en Bretagne
Au Printemps suivant,
Et Grégoire entre en campagne
Avec Jean Chouan...
Les balles passaient, nombreuses
Au-dessus de lui,
En sifflotant, dédaigneuses :
"Il est trop petit, ce joli,
"Il est trop petit,
"Dame, oui !"
Cependant une le frappe
Entre les deux yeux...
Par la trou l'âme s'échappe :
Grégoire est au Cieux !
Là, Saint Pierre qu'il dérange
Lui dit : "Hors d'ici !
"Il nous faut un grand Archange :
"T'es ben trop petit, mon ami,
"T'es ben trop petit,
"Dame, oui !"
Mais, en apprenant la chose,
Jésus se fâcha ;
Entr'ouvrit son manteau rose
Pour qu'il s'y cachât ;
Fit entrer ainsi Grégoire
Dans son Paradis,
En disant : "Mon Ciel, de gloire,
"En vérité, je vous le dis,
"Est pour les Petits,
"Dame, oui !"T. Botrel
Ma soeur Mimi rappelle ce beau texte . Merci pour cette particpation
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Par letitfricot le 4 Novembre 2012 à 14:38
Lamartine
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Par letitfricot le 14 Avril 2012 à 22:18
Mélancolique mer que je ne connais pas,
Tu vas m'envelopper dans ta brume légère
Sur ton sable mouillé je marquerai mes pas,
Et j'oublierai soudain et la ville et la terre.
Ô mer, ô tristes flots, saurez-vous, dans vos bruits
Qui viendront expirer sur les sables sauvages,
Bercer jusqu'à la mort mon cœur, et ses ennuis
Qui ne se plaisent plus qu'aux beautés des naufrages ?Jean Moréas
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Par letitfricot le 6 Avril 2012 à 23:51
Poëme proposé par Joëlle et dans l'air du temps. A l'origine chanté par Barbara, mais je l'aime beaucoup par Catherine Ribeiro.
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Par letitfricot le 6 Avril 2012 à 23:42
Déjà les beaux jours, - la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; -
Et rien de vert : - à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !Ce beau temps me pèse et m’ennuie.
- Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l’eau.Gérard de Nerval, Odelettes
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Par letitfricot le 26 Février 2012 à 22:50
Ma chaumière aurait, l'été, la feuillée des bois pour
parasol, et l'automne, pour jardin, au bord de la fenêtre,
quelque mousse qui enchâsse les perles de la pluie, et
quelque giroflée qui fleure l'amande.
Mais l'hiver, - quel plaisir, quand le matin aurait secoué
ses bouquets de givre sur mes vitres gelées, d'apercevoir
bien loin, à la lisière de la forêt, un voyageur qui va
toujours s'amoindrissant, lui et sa monture, dans la neige
et la brume !
Quel plaisir, le soir, de feuilleter, sous le manteau de
la cheminée flambante et parfumée d'une bourrée de geniè-
vre, les preux et les moines des chroniques, si merveil-
leusement portraits qu'ils semblent, les uns jouter, les
autres prier encore !
Et quel plaisir, la nuit, à l'heure douteuse et pâle, qui
précède le point du jour, d'entendre mon coq s'égosiller
dans le gelinier et le coq d'une ferme lui répondre faible-
ment, sentinelle juchée aux avant-postes du village endormi.,
Ah ! si le roi nous lisait dans son Louvre, - ô ma muse
inabritée contre les orages de la vie ! - le seigneur
suzerain de tant de fiefs qu'il ignore le nombre de ses
châteaux ne nous marchanderait pas une chaumine !Aloysius BERTRAND ( 1807-1841)
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Par letitfricot le 12 Février 2012 à 22:54
enez à moi, claquepatins,
Loqueteux, joueurs de musettes,
Clampins, loupeurs, voyous, catins,
Et marmousets, et marmousettes,
Tas de traîne-cul-les-housettes,
Race d'indépendants fougueux !
Je suis du pays dont vous êtes :
Le poète est le Roi des Gueux.
Vous que la bise des matins,
Que la pluie aux âpres sagettes,
Que les gendarmes, les mâtins,
Les coups, les fièvres, les disettes
Prennent toujours pour amusettes,
Vous dont l'habit mince et fongueux
Paraît fait de vieilles gazettes,
Le poète est le Roi des Gueux.
Vous que le chaud soleil a teints,
Hurlubiers dont les peau bisettes
Ressemblent à l'or des gratins,
Gouges au front plein de frisettes,
Momignards nus sans chemisettes,
Vieux à l'oeil cave, au nez rugueux,
Au menton en casse-noisettes,
Le poète est le Roi des Gueux.
Ô Gueux, mes sujets, mes sujettes,
Je serai votre maître queux.
Tu vivras, monde qui végètes !
Le poète est le Roi des Gueux.Jean Richepin
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Par letitfricot le 5 Février 2012 à 22:31
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le résédaLouis Aragon
Poëme proposé par Joëlle M..
Merci Joëlle pour ce magnifique poëme que je ne connaissais pas
( Commentaire de Joëlle " Ce poème de Louis ARAGON fait partie du répertoire que chante
Juliette GRECO. Elle passait sur ARTE ce soir, et elle l'a chanté. Un programme magnifique ce soir !!! Que du bonheur !
Quelle femme merveilleuse !Cette émission repasse sur ARTE le 07.02 à 1 H et le 08.02 à 15 H05 pour celles et ceux qui aiment et qui l'auraient ratée. "
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Par letitfricot le 31 Décembre 2011 à 13:11
Les sept jours frappent à la porte.
Chacun d'eux vous dit : lève-toi.
Soufflant le chaud, soufflant le froid,Soufflant des temps de toute sorte
Quatre saisons et leur escorte
Se partagent les douze mois.
Au bout de l'an, le vieux portier
Ouvre toute grande la porte
Et d'une voix beaucoup plus forte
Crie à tout vent : premier janvier.
Pierre Menanteau
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Par letitfricot le 23 Septembre 2011 à 12:46
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains.Corneille ( Le Cid )
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Par letitfricot le 18 Septembre 2011 à 22:13
C'est un petit chat noir effronté comme un page,
Je le laisse jouer sur ma table souvent.
Quelquefois il s'assied sans faire de tapage,
On dirait un joli presse-papier vivant.
Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces minets tirant leur langue de drap rouge,
Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.
Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.
Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,
La frôle, puis, à coups de langue très petits,
Il le happe ; et dès lors il est à son affaire
Et l’on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini.
Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;
Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.
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Par letitfricot le 4 Septembre 2011 à 21:55
uand on arrêtera la course coutumière
Du grand courrier des cieux qui porte la lumière,
Quand on arrêtera l'an qui roule toujours
Sur un char attelé de mois, d'heures, de jours,
Quand on arrêtera l'armée vagabonde
Qui va courant la nuit par le vide des cieux,
Décochant contre nous les longs traits de ses yeux,
Lors on arrêtera l'inconstance du Monde.
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Par letitfricot le 30 Août 2011 à 23:07
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des gaîtés d'eaux vives dans les roches,
Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.Il est de mornes jours, où las de se connaître,
Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint,
Où s'agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.(A. Samain)
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Par letitfricot le 28 Juin 2011 à 22:52
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?
Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
" Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.
" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !Lamartine
Michèle G. se souvenait de ce poëme, un peu long, mais si beau ...
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